Déclaration du djihad par le Şeykh ul-Islam, en présence des dirigeants jeunes-turcs. Constantinople, Empire ottoman, 13 novembre 1914.
Photographie The World’s Work 1918, p. 264.
Détruire
Guerre et génocide
La Première Guerre mondiale a inauguré de nouvelles pratiques de violence visant les populations civiles, des massacres de masse légitimés au nom d’idéaux supérieurs. La guerre s’est affirmée comme un cadre propice. Le cas emblématique des Arméniens, visant les propres sujets d’un État décrétés « ennemis intérieurs » par l'État dont ils sont les citoyens, a inauguré
la « modernité » génocidaire du XXe siècle.
Parti unique, contrôlant tous les rouages administratifs et militaires, le Comité Union et Progrès (CUP) entrera en guerre en novembre 1914 aux côtés de l’Allemagne avec la claire conscience qu’il se créait ainsi l’opportunité de réaliser son projet de construction d’un État-nation turc, en éradiquant tous les groupes susceptibles de l'entraver.
Dès le 3 août 1914, un décret de mobilisation générale, incluant les Arméniens, avait été promulgué. Le Comité central du CUP décide aussi de la formation d’une organisation spéciale (OS), la Teşkilât-ı Mahsusa, un groupe paramilitaire chargé de la lutte contre les « tumeurs internes ». L’entrée en guerre permet également de légitimer les réquisitions militaires, s’apparentant à un pillage, visant entrepreneurs arméniens et grecs.